Par le biais de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier (LADTF), la ministre des Ressources Naturelles et des Forêts (MRNF) a mandaté la SOPFEU pour organiser la protection des forêts contre les incendies sur l’ensemble du territoire forestier québécois. À cette fin, le territoire est divisé en deux zones de protection, soit l’intensive et la nordique. Le mandat confié à la SOPFEU et les critères d’intervention varient entre ces deux zones, dont la délimitation se trouve entre les 50e et 52e parallèles.
La SOPFEU combat systématiquement tout incendie de forêt allumé en zone intensive. De plus, le même niveau de protection s’applique à l’ensemble du territoire compris dans cette zone. C’est donc dire qu’en situation régulière, la SOPFEU vise l’atteinte de ses objectifs opérationnels [1] sur chaque feu, et ce, peu importe où il se trouve.
Cependant, en situation de débordement, lorsque les ressources sont limitées, notamment en raison du nombre d’incendies, une priorisation provinciale est effectuée. Quatre niveaux de priorité ont été définis pour guider ces décisions de la SOPFEU. Dans l’ordre, elle interviendra pour assurer la sécurité des personnes, pour défendre des infrastructures essentielles à la sécurité publique, pour maîtriser les incendies sur lesquels les chances de réussite sont les plus élevées et finalement pour protéger les valeurs forestières.
Lors de périodes de forte activité, les opérations sur certains incendies peuvent être très limitées, voire absentes. Les efforts de la SOPFEU se concentreront alors sur l’atteinte des objectifs provinciaux. Les effectifs, tant les pompiers forestiers que les avions-citernes, seront utilisés au combat de nouveaux incendies pour lesquels les probabilités de maîtrise sont supérieures. Ainsi, des feux de petite taille pourraient être priorisés par rapport à un feu de grande ampleur si celui-ci ne menace pas de vies humaines ou d’infrastructures critiques.
Conformément à l’article 186 de la LADTF, les balises d’intervention en zone nordique découlent d’ententes spécifiques avec des partenaires de la SOPFEU. Ces derniers incluent le ministère des Ressources Naturelles et des Forêts, Services aux Autochtones Canada ainsi qu’Hydro-Québec.
La SOPFEU détecte tous les incendies survenant dans cette zone, par le biais d’imagerie satellitaire et de patrouilles aériennes. Cependant, elle ne combat que certains d’entre eux. Pour ce faire, des rayons d’intervention ont été établis autour de valeurs identifiées en concertation avec ses partenaires. Ceux-ci assurent une protection des communautés et des infrastructures stratégiques telles que les lignes à haute tension et les postes d’Hydro-Québec. Ainsi, la SOPFEU est autorisée à procéder à l’attaque initiale d’un incendie de forêt localisé à moins de 20 km d’une valeur identifiée. Elle interviendra aussi sur un feu d’une superficie inférieure à 10 ha, allumé dans un rayon de 20 à 30 km d’une valeur à protéger, si ce feu représente une menace réelle. Ces actions surviendront dans les 24 heures suivant la découverte de l’incendie.
Par la suite, la SOPFEU produira un plan d’action d’intervention, qui devra être approuvé par les partenaires, afin de poursuivre le combat. La priorité d’intervention est accordée en fonction des critères suivants: protection des vies humaines, des communautés, des installations stratégiques et des infrastructures essentielles basées sur les impacts socio-économiques des valeurs menacées. La situation provinciale devra alors être analysée par le Centre provincial de lutte (CPL) de la SOPFEU afin d’identifier les incendies à combattre, et ce, autant pour la zone nordique que pour l’intensive.
Les incendies allumés en dehors des rayons d’intervention sont recensés et une vigie pourra être effectuée pour surveiller leur progression. Après analyse, si aucune action n’est requise, la SOPFEU laissera à la pluie le soin de les éteindre.
Finalement, des interventions supplémentaires peuvent être entreprises par la SOPFEU à la demande d’un partenaire ou d’un tiers, en dehors des territoires identifiés dans le cadre des ententes existantes.
Une région tampon est également délimitée à l’extrémité sud de la zone de protection nordique. Une intervention y sera effectuée si un incendie, pouvant se propager à la zone de protection intensive, y survient. La superficie de l’incendie et l’évaluation de son comportement à moyen terme ainsi que la disponibilité des ressources guideront le choix des actions qui y seront réalisées.
Le MRNF et la SOPFEU ont également convenu de plans spéciaux pour la protection de l’île d’Anticosti et des îles de la Madeleine en raison de leur situation géographique particulière. Dans le cadre de ces ententes, la SOPFEU forme du personnel local au combat des incendies de forêt. De plus, lorsque la situation le requiert, la base principale de Baie-Comeau déploie des pompiers forestiers à Havre-Saint-Pierre ou directement sur l’île d’Anticosti. Des patrouilles de détection aérienne sont aussi effectuées sur cette dernière.
[1] Ces objectifs portent sur la détection, la maîtrise et l’extinction des incendies.