Accompagnée par la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Mme Maïté Blanchette Vézina, la Direction de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) a brossé, en conférence de presse, le bilan de la saison historique vécue cette année. D’entrée de jeu, le directeur général, M. Eric Rousseau s’est dit satisfait du travail colossal réalisé par l’ensemble du personnel et par les partenaires pour faire face à la situation. Bien que l’organisme de protection ait été mis à rude épreuve cet été, la SOPFEU estime somme toute avoir réussi un tour de force en atteignant les objectifs prioritaires qu’imposait un tel débordement, avec la sauvegarde des vies humaines, des communautés et des infrastructures stratégiques majeures.
La ministre Blanchette Vézina a également salué le travail exceptionnel et les efforts incalculables des équipes qui ont combattu les flammes et de toutes celles et ceux qui ont travaillé, de près ou de loin, à la gestion de cette saison inédite. Elle a réitéré l’engagement du gouvernement du Québec à soutenir, plus que jamais, la SOPFEU dans sa mission de lutte et de prévention des incendies de forêt afin de protéger la population, les infrastructures et la ressource forestière. Elle a ajouté que son Ministère réfléchira par ailleurs, de concert avec les intervenants concernés, aux mesures à adopter pour mieux faire face aux nouveaux défis des changements climatiques.
Le directeur général de la SOPFEU a précisé qu’au total, 564 566* feux ont brûlé plus de 1,1 million d’hectares (ha) 1 073 433,6 (ha)* en Zone de protection intensive (ZPI), et 147 feux ont rasé 3,4 millions (ha) 3 245 105 (ha)* en Zone nordique, pour un total de 4,5 millions ha, 4 318 538.6 (ha)* un record de tous les temps jamais enregistré au Québec. Il note également que la superficie brûlée cette année, causée à 99,9 % par la foudre, est plus élevée que la somme des 20 dernières années, toutes causes confondues.
La SOPFEU a précisé qu’au printemps, les mois de mai et juin se sont avérés anormalement secs sur l’ensemble de la province. Certains secteurs du territoire de la Baie-James n’ont pas reçu une seule goutte de pluie en juin, en plus d’une vague de chaleur qui s’y est installée de façon prolongée, avec des températures largement au-dessus des normales saisonnières. Les indices d’intensité et de propagation variaient à ce moment de très élevé à extrême sur l’ensemble du territoire.
À cet effet, au cours de la dernière semaine de mai, les capacités opérationnelles de la SOPFEU étaient déjà dépassées, avec 56 incendies actifs, dont un feu de plus de 1000 ha non maîtrisé dans le secteur de Sept-Îles. Le grand débordement est survenu le 1er juin, lorsqu’une importante ligne de foudre a frappé le Québec et allumé 182 feux de forêt en une seule journée. Au cours du mois suivant, 75 nouveaux incendies se sont ajoutés au lot.
La sécheresse s’est poursuivie jusqu’en juillet. Bien que la situation se soit améliorée sur l’est de la province au cours de cette période, le déficit de précipitations a perduré sur le nord-ouest jusqu’en septembre. Par conséquent, les feux géants du secteur de la Baie-James sont demeurés actifs jusqu’à l’automne.
La capacité opérationnelle de la SOPFEU lui permet de combattre 30 incendies simultanément, ou un seul feu de plus de 1000 ha. En date du 4 juin, 155 feux étaient actifs simultanément. Si en saison régulière, l’organisation connaît rarement plus de deux ou trois feux qui passent par le statut « hors contrôle », la dernière saison a compté 193 feux classés, pour une durée variable, « hors contrôle ». Les incendies continuaient donc de progresser malgré les opérations de combat.
En ce qui concerne les feux de grande envergure, la moyenne des dix dernières années compte 1,6 feu de plus de 1 000 ha par année. En 2023, le Québec a connu 48 incendies de grande envergure, soit 30 fois plus que la moyenne. Parmi ceux-ci, notons le plus grand feu jamais connu en ZPI, dans le secteur de Lebel-sur-Quévillon. Cet incendie géant, résultant de 19 feux fusionnés, aura brûlé un total de 481 991 ha de forêt.
Une telle situation de débordement ne permet pas d’attaquer tous les incendies, comme c’est habituellement le cas en ZPI. Du 1er juin jusqu’à la mi-juillet, les objectifs opérationnels habituels ont été bouleversés par la priorisation d’intervention, en fonction des communautés et vies humaines à protéger, suivi des communautés et des infrastructures stratégiques majeures. Plusieurs incendies jugés non prioritaires ont donc été gardés uniquement en vigie, sans intervention de combat. Il s’agit d’une première dans l’histoire de la SOPFEU.
Le directeur général de la SOPFEU a rappelé qu’au nombre inhabituel de feux de grande envergure cette saison, il s’est ajouté de nombreux enjeux de sécurité civile. Menacés par les flammes ou incommodés par la fumée dense, ce sont près de 27 000 résidents provenant d’une trentaine municipalités et communautés qui ont dû être évacués cet été. Parmi ces dernières, notons Chibougamau, Sept-Îles, Lebel-sur-Quévillon, Lac-Simon, Mistissini, Maliotenam, Oujé-Bougoumou, Chapais, Normétal et plusieurs communautés du territoire d’Eeyou Itschee Baie-James.
De nombreuses fermetures de route ont également été nécessaires, particulièrement dans le secteur de Lebel-sur-Quévillon. Au nord-ouest de la province, dans le secteur de la Baie-James, la route Billy-Diamond et la route Transtaïga ont également connu plusieurs épisodes de fermeture.
Afin d’éviter l’ignition de nouveaux feux de cause humaine, le ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a déclaré le 2 juin une interdiction d’accès en forêt sur les terres du domaine de l’État et la fermeture des chemins forestiers (IAFC). Bien que variable sur les territoires touchés, cette mesure exceptionnelle a perduré 84 jours. Combinée à l’interdiction de feux à ciel ouvert, la mesure préventive a porté fruit, avec un nombre de feux de cause humaine trois fois moins élevé que la moyenne.
Pour l’appuyer dans son combat, la SOPFEU a bénéficié de l’aide de plusieurs ressources extérieures, nationales et internationales. Au total, plus de 2 360 personnes extérieures aux opérations régulières ont joint les rangs de l’organisation au cours des mois de juin et juillet :
Au plus fort de ses opérations, la SOPFEU comptait plus de 1 600 ressources sur le terrain, incluant ses pompiers forestiers, des combattants auxiliaires, des militaires des Forces armées canadiennes ainsi que des ressources hors Québec provenant tant du Canada que de l’international. Il s’agit ici aussi d’un record d’assistance pour le Québec.
Malgré la saison titanesque survenue au Québec, l’organisation a tout de même pu effectuer une quantité plus élevée que la moyenne de prêts de ressources auprès d’autres provinces canadiennes. C’est ainsi qu’avant le débordement et après le retour à la normale, plus de 150 pompiers et ressources spécialisées ont été déployés en Alberta et aux Territoires-du-Nord-Ouest.
Malgré son très grand lot de défis, la saison 2023 aura permis à la SOPFEU de démontrer son agilité, la solidité de la structure organisationnelle mise en place au cours des dernières années et le professionnalisme de ses équipes de travail. Bien que les objectifs opérationnels réguliers n’aient pas pu être atteints cette année, l’organisation est fière d’avoir réussi à maintenir ses priorités. Ainsi, aucune perte de vie ni aucune résidence principale ou infrastructure stratégique n’a été détruite, a conclu M. Rousseau.
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* Données mise à jour le 29 janvier 2024
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